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BIOGRAPHIE CRIS

Mary Lee

Mary Lee

Mon nom français est Mary Lee. Je viens du lac Pelican, dans le nord de la Saskatchewan. J’ai cinq enfants, dont trois filles et deux garçons. Mes enfants m’ont donné 23 petits-enfants et quatre arrière-petits-enfants, dont deux garçons et deux filles.

Certaines femmes plus âgées que moi croient qu’elles n’ont pas le droit de parler parce qu’elles ne sont pas allées à l'école et ne parlent pas l'anglais. Pourtant, elles sont puissantes. Les femmes âgées dont le cheminement n'a pas été perturbé sont les vrais êtres sacrés. Ma mère était l’une de ces femmes. Son savoir était pur, non altéré par les pensionnats. Il n'était pas écrit; il provenait de son vécu.

Ma mère parlait uniquement le cri. Elle a enseigné à ses enfants la valeur de leur culture et de leur langue dès la tendre enfance. Elle a eu deux filles et cinq garçons. Tout jeunes, nous parlions le cri et assistions à des cérémonies comme la Danse du soleil et la Suerie. Ma mère a partagé avec nous les enseignements et la signification de ces cérémonies. Elle a également partagé ses enseignements avec les femmes de la communauté parce qu’elle a reçu le don d’aider les femmes dans leur cheminement de futures mères. En français, vous l’appelleriez une sage-femme. Beaucoup des enseignements qu’elle m’a transmis portaient sur le caractère sacré de la maternité et la façon d’aider les femmes à élever des enfants en santé. Elle a conservé ses enseignements parce que sa vie n’a pas été perturbée par les pensionnats. Les connaissances qu’elle a reçues durant l’enfance lui a permis d’élever ses enfants différemment. C’est pourquoi je dis qu’elle est la source de tous mes enseignements, de tout ce que je sais.

Ma mère a tout appris de sa grand-mère, qui l’a élevée quand ses parents sont décédés. Son savoir remontait donc à deux générations. J’ai de la chance. Grâce à ma mère et à ma grand-mère, je peux partager les enseignements que connaissaient anciennement toutes les femmes cries, comme les enseignements du tipi et les enseignements sur la valeur des femmes.

En l’honneur des femmes cries de partout, je les partagerai avec vous.

J’occupe un poste de conseillère aînée dans une école secondaire autochtone. Les jeunes que j’y côtoie se heurtent à des questions d’identité et de culture. J’essaie de transmettre les enseignements que j’ai reçus aux élèves, particulièrement aux femmes. Je ne parle pas de ces enseignements dans le but de les altérer ou les changer, mais pour donner aux jeunes le goût de se renseigner davantage. Je peux uniquement transmettre ces enseignements comme je les ai appris. Si les gens veulent en savoir plus, ils doivent demande conseil à des aînés. Ils doivent faire leurs propres démarches pour obtenir cette information. C’est ainsi que les enseignements se transmettent et s’acquièrent.

En plus de mon emploi à l’école, je travaille à la prison provinciale pour femmes de Pine Grove. C’est la seule prison pour femmes de la province. Elle héberge des kookums (grands-mères), des mères dans la trentaine et aussi des jeunes adultes de dix-neuf ou vingt ans qui ne devraient pas y être. Je me dis souvent que la prison n’est pas la solution aux activités criminelles.

Je vais à la prison pour aider les femmes à trouver leur identité, à se rappeler qu’elles sont plus que de simples contrevenantes. Certaines ne savent que ça; on leur a dit qu'elles ont enfreint la loi et elles sont étiquetées. Pour moi, ce sont des femmes comme les autres : des êtres sacrés investis du devoir de donner la vie, de procurer chaleur et bien-être à leur communauté et famille. À mes yeux, leur identité ne se limite pas à ce qu’elles ont fait. Certaines ont posé des gestes horribles. Mais j'aime à croire que leur esprit n'est pas complètement brisé.

C’est pourquoi je les rencontre et discute avec elles des enseignements du tipi. J’aborde certains aspects en profondeur parce qu'en les regardant, je sais lesquels des 15 enseignements leur seront les plus utiles. Je parle davantage de ceux-là dans l’espoir d’enclencher un processus de guérison.

C’est ma façon de pratiquer le counseling traditionnel. Je n'emploie pas les méthodes de counseling apprises dans les manuels, en sociologie ou autres. Je m’en sers au besoin, mais je préfère les méthodes des personnes âgées. Selon elles, il ne faut jamais faire appel à la tête ou utiliser la ruse pour inciter une personne à croire qu'elle va bien. Il faut guérir l'esprit, parce que c'est l'esprit qui maintiendra le plus longtemps la personne.