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ENSEIGNEMENT (NEHIYAWAK) CRI
MARY LEE
Mary Lee


Diagramme pour les enseignements introduction LE CENTRE LA CÉRÉMONIE DU TIPI LA STRUCTURE DU TIPI LES PERCHES EST SUD OUEST NORD LE TAMBOUR

INTRODUCTION


Le peuple cri avait reçu un nom qui symbolise les quatre dimensions de l'être. On nous a appelé Nehiyawak.

Ce nom fait référence à l’équilibre des quatre dimensions représentées par les quatre points cardinaux du cercle d’influences. Chez les êtres humains, ces quatre dimensions sont la spiritualité, le physique, les émotions et le mental. Nous devons tenter de maintenir l'équilibre des quatre dimensions qui nous ont été données pour mener nos vies.

Le feu est au centre du cercle d’influences, d’où provient la signification des enseignements. Pour moi, le feu représente aussi l’être. Lorsque nous regardons le cercle d’influences, nous partons de nous-mêmes puis traçons notre cercle en regardant vers l’extérieur.

C’est ainsi que le cercle d’influences symbolise notre cheminement de vie.

Les personnes âgées vous diront qu’il représente la vie. Prenons les quatre saisons et la trajectoire du soleil. Le printemps est situé à l’est, l’été au sud, l’automne à l’ouest et l’hiver au nord. Cela explique très bien comment la vie naît en lumière, à l’est, puis s'éteint graduellement à mesure qu’elle se dirige vers l’ouest et le nord. Comme le soleil, la vie nous est donnée puis nous quitte.
Ce que nous faisons de cette vie constitue notre cheminement. C’est pourquoi nous avons besoin des dons des quatre points cardinaux – les dons de l’esprit, du corps physique, des émotions et du mental – et nous devons en maintenir l’équilibre. De nos jours, beaucoup de gens sont en déséquilibre parce qu’ils ont tendance à ne privilégier que deux dimensions de l’être, le mental et le physique. Ils oublient de prendre soin de leur côté spirituel et ne savent souvent pas comment exprimer et vivre leurs émotions.
Les gens pensent que démontrer de la colère équivaut à exprimer ses émotions. Mais l’émotivité, ce n’est pas cela. La colère est un mécanisme de défense qui protège nos émotions. Notre monde émotif est la partie sensible de notre être, celle qui ressent la vérité sur ce qui nous entoure. Mais nous préférons exprimer de la colère que cette partie de notre être parce que nous avons appris à en être gênés. Nous nous fâchons plutôt, parce que cela est accepté. Malheureusement, certaines personnes pensent même que les gens respectent la colère. Nous n’exprimons pas nos vraies émotions, notre vulnérabilité et notre sensibilité parce que cela n’est pas accepté. Nous avons appris à les remplacer par la colère.

Quant à l’esprit, nous ne semblons jamais avoir le temps de nous y attarder. Les gens pensent que la spiritualité exige de longues périodes de dévotion. Mais être spirituel signifie se rappeler; se rappeler que l’esprit est le premier des dons reçus à la naissance. Or, nous avons tendance à l’oublier. Nous négligeons notre esprit et le tenons pour acquis. Nous devons donc nous rappeler d’où nous venons et quels dons nous ont été offerts en tant qu’êtres humains.

Ma mère m’a appris cette façon d’être dans le monde par l’entremise des enseignements du tipi. Les enseignements du tipi, comme je les appelle aujourd’hui, portent sur l’entretien des quatre dimensions de l’être - la spiritualité, le physique, les émotions et le mental – qui puisent leurs racines dans les quatre points cardinaux. Le tipi est également un symbole de la femme. En l’honneur de ma mère, de mon arrière-grand-mère et des femmes cries de partout, je partagerai certains enseignements du tipi avec vous.

Cri - Chez les êtres humains, les quatre dimensions sont la spiritualité, le physique, les émotions et le mental.
Cri - Notre monde émotif est la partie sensible de notre être, celle qui ressent la vérité sur ce qui nous entoure.
Cri - Nous devons nous rappeler d’où nous venons et quels dons nous ont été offerts en tant qu’êtres humains.

LE CENTRE

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Les enseignements du tipi sont transmis de génération en génération. Quand je parle de ces enseignements, ce n’est pas dans le but de les altérer ou les changer; je peux uniquement les transmettre comme je les ai appris. Le tipi nous a donné beaucoup, beaucoup d’enseignements. Je ne pourrai pas tous les partager avec vous. Mais en vous donnant un aperçu de leur signification, j’espère vous donner envie de poursuivre l’apprentissage des enseignements dont vous avez besoin. Nous n’avons jamais fini d’apprendre.

Pour nous, le mot tipi ne veut rien dire. De nos jours, nous utilisons le mot cri migawap. Par le passé, quand ma mère m’enseignait le tipi, elle disait kitch migawap, la meilleure de toutes les huttes, parce que c’est la première hutte que le peuple cri a reçue.
Au début, la hutte n’avait pas la forme d’un tipi. Elle avait la forme d’un dôme. Aujourd’hui, la hutte en dôme sert de suerie. Quand elle nous a été donnée, nous ne pouvions pas y faire de feu. Pour dormir au chaud, les gens collectaient les pierres à l’extérieur, les chauffaient et les plaçaient dans une fosse au milieu de la hutte. Mais ils ne pouvaient pas y faire de feu pour cuisiner. Ils devaient préparer la nourriture à l’extérieur.

Quand la structure du tipi a changé et que la hutte a grossi, les gens ont pu se mettre à y faire du feu. Ma mère disait qu’on avait donné aux femmes le nom du feu au centre du tipi, celui qui apporte chaleur et bien-être. En cri, le centre – le feu – s’appelle iskwuptew. Dans notre langue, nous disons iskwew pour une femme et iskwewuk pour plus d’une femme. Nous portons le nom de ce feu, iskwuptew. C’est un nom très puissant parce qu’il honore le caractère sacré de ce feu.

Une veille femme porte aussi le nom de notegweu. Autrefois, nous utilisions le terme notaygeu, qui décrivait les veilles dames se couvrant la tête d'un châle. La toile du tipi ressemble à une veille femme portant un châle. À mesure qu’elle recouvre le tipi, la toile en enveloppe tous les enseignements, les valeurs de la communauté que possèdent les femmes. Il reste toujours de la place dans le cercle des femmes, quel que soit le nombre d'enfants ou d'arrière-petits-enfants qu’elles y accueillent. Lorsqu’on installe correctement un tipi, on ne voit pas le bas des perches. Il monte alors dignement vers le ciel tout comme le faisaient autrefois les femmes, les jambes cachées sous la jupe qui représente aussi le cercle sacré de la vie. Et lorsqu’on relève les rabats du tipi, on voit comment on accueille la vie. Les rabats rappellent une femme debout, les bras ouverts, qui remercie la vie pour tout.
Le tipi, c’est ça. C’est l’esprit et le corps de la femme, laquelle représente le pilier de la famille et de la communauté. La femme nous enseigne les valeurs qui assurent notre équilibre. C’est pour cela que la construction du tipi est un geste si solennel. La cérémonie de la construction du tipi représente la valeur des enseignements des femmes.

Cri - Le tipi nous a donné beaucoup, beaucoup d’enseignements.
Cri - Lorsqu’on relève les rabats du tipi, on rappelle une femme debout, les bras ouverts, qui remercie la vie pour tout.

LA CÉRÉMONIE DU TIPI

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Personnellement, quand je prépare quelque chose, ce n'est pas seulement pour le faire; j’y accorde un sens. Quand je cueille le foin d'odeur par exemple, quand je le tresse, je fais une certaine prière. Ensuite, quand je le donne à une personne et qu'elle le brûle, mes prières sont libérées et viennent l'aider.

C’est pareil pour le tipi. Quand je construis un tipi, quand je le monte pour la première fois, je dois l'orienter vers l'est parce qu’à mes yeux, le tipi n'est pas seulement un symbole, c'est une cérémonie.

L’entrée est très importante lors de la cérémonie du tipi. Les Cris l’orientent vers l’est, qui représente le début de la Création.
De nos jours, les gens oublient cela. Lorsqu’une personne me demande de construire un tipi, je lui montre la cérémonie pour qu’elle puisse s’ouvrir au vrai sens et au vrai enseignement du tipi. J’espère ainsi toucher son esprit et l’aider dans son cheminement de vie.

Avant de construire un tipi, j’offre du tabac. Je ne laisse pas simplement tomber le tabac par terre; je m’assoie humblement sur le sol parce que j’offre quelque chose en retourner de ce que je m’apprête à prendre de notre mère, la Terre. Parce que rien ne nous appartient; nous empruntons tout; nous empruntons le temps; nous empruntons tout ce qu’il nous faut pour faire un tipi.

Je demande aussi à la personne avec qui je construis le tipi d’offrir humblement du tabac. Je demande habituellement à la femme de la famille d’offrir le tabac, parce que le tipi est un symbole de femme et que la cérémonie est un enseignement de femme. Les hommes peuvent participer à la cérémonie et aider à construire le tipi, mais ils ne peuvent pas transmettre les enseignements. Les femmes doivent assister à la construction du tipi pour recevoir les enseignements et offrir le tabac sacré à notre mère, la Terre, parce que tout cela fait partie de la cérémonie.

J’ai appris cela en le faisant, et auprès de ma mère qui m’a enseigné à offrir du tabac à toutes les étapes du processus. Donc, j’offre du tabac chaque fois que je vais couper les perches de mon tipi. C’est ainsi que nous honorons les ressources de notre mère, la Terre, dont elle nous fait don depuis très longtemps.

De nos jours, le tipi sert plus ou moins à des fins symboliques. Mais je me suis engagée à partager ses enseignements chaque fois que j’en construis un. Je le fais parce que la cérémonie du tipi est une cérémonie qui nous rappelle l’équilibre que nous devons atteindre dans nos vies et les puissants enseignements des femmes.

Cri - Lorsqu’une personne demande à Mary Lee de construire un tipi, elle lui montre la cérémonie.

LA STRUCTURE DU TIPI

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Maintenant, je fais des tipis de 22 pieds de haut, mais autrefois, les tipis avaient environ 12 ou 13 pieds. Les gens n’avaient pas le matériel nécessaire pour fabriquer de grandes structures parce qu’ils utilisaient de la peau au lieu de la toile et des pierres au lieu des piquets. C’est pourquoi nous voyons encore aujourd’hui des cercles de pierres, des anneaux de tipi, au sol. Ça ne donnerait rien de faire un tipi trop haut en raison du vent et des tempêtes.

Au fil des ans, les gens ont remplacé les pierres par des piquets de sol en cerisier de Virginie, l’un des bois les plus durs une fois sec. Aujourd’hui, Je coupe et j'écorce de l'épinette pour faire les piquets et j’utilise des goujons de bois pour ajuster les rabats avant à l’entrée du tipi. Ma mère utilisait un os de la patte de l’orignal pour faire ses goujons.

Le travail de ma mère était impressionnant, même quand elle fabriquait la structure du tipi. Elle ne s'est jamais servie d'un ruban de mesure ou de formules mathématiques. Elle coupait son tipi et le montait tout simplement, et il était toujours parfait.

Les Cris utilisent 15 perches pour faire la structure du tipi et ont un enseignement pour chacune. Par conséquent, le tipi repose sur 15 enseignements. D'autres nations utilisent 16 perches et peut-être davantage, je ne le sais pas. Tout ce que je sais, c'est ce qu'on m'a montré – des enseignements pour 15 perches.

Il n'est pas nécessaire de toujours orienter le tipi vers l'est. Il peut pivoter dans les quatre directions. Je demande uniquement aux gens d’orienter leur tipi vers l’est lorsqu’ils le montent pour la première fois, à cause de la cérémonie d’ouverture.

Donc, puisque je partage les enseignements avec vous aujourd’hui, j’orienterai notre tipi vers l’est. Pour commencer, nous prenons trois perches et les attachons ensemble en forme de trépied. Chaque perche a un sens particulier. Ces trois perches représentent l’obéissance, le respect et l’humilité et, ensemble, renforcent la structure. Observez-les et la façon dont elles se dressent. Si chaque perche s'élevait droit vers le ciel, elles ne pourraient pas retenir le tipi. Mais équilibrées soigneusement, elles se servent mutuellement d’appui. Il y a là un enseignement. Il faut trois personnes pour créer une famille, pour atteindre cet équilibre : deux parents et un enfant.

Le haut des perches offre beaucoup d’enseignements. Chaque perche pointe dans une direction différente. Ces perches nous ressemblent. Nous avons tous besoin de la force et du soutien de nos familles et communautés, mais avons tous notre propre cheminement et pointons dans différentes directions.

Les perches nous enseignent aussi que la version du Grand-Esprit à laquelle nous croyons importe peu; nos nombreuses directions et systèmes de croyances mènent tous au même Créateur. Seuls nos cheminements sont différents. Au haut, les perches se rejoignent pour former ce qui ressemble à un nid, et on croirait apercevoir un oiseau relevant les ailes pour se poser. Ça, c’est un autre enseignement : l’esprit qui vient se poser en relevant les ailes.

Cri - Maintenant, les Cris font des tipis de 22 pieds de haut, mais autrefois, les tipis avaient environ 12 ou 13 pieds.

LES PERCHES

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Nous pourrions discuter longuement de chacune des perches; elles contiennent toutes de nombreux enseignements, qu’on comprend vraiment avec le temps et l’expérience. Les termes généraux suivants offrent un aperçu de ce que chaque perche représente.

Chaque fois que nous plaçons une nouvelle perche, nous la fixons aux autres avec de la corde. Il faut le voir pour en apprécier l'enseignement. Cette corde est le lien sacré qui lie entre eux tous les enseignements.

J’ai partagé ces enseignements avec vous dans l’espoir qu’ils aident les femmes à demeurer fortes et nos communautés à produire des gens équilibrés et en santé.


LES PERCHES

OBÉISSANCE
L’obéissance signifie que nous acceptons les conseils et la sagesse des autres en ouvrant nos oreilles plutôt que notre bouche. Nous apprenons en écoutant les récits traditionnels, nos parents, nos gardiens, nos pairs et nos professeurs. Leurs comportements et leurs rappels nous informent sur le bien et le mal.

RESPECT
Le respect signifie que nous rendons honneur à nos aînés, à nos pairs, aux étrangers en visite dans notre communauté et à toutes les formes de vie. Nous devons honorer les droits fondamentaux des autres.

HUMILITÉ
Nous ne sommes pas supérieurs ou inférieurs aux autres dans le cercle de la vie. Nous nous sentons plus humbles quand nous comprenons notre rapport à la Création. Nous sommes si petits comparativement à sa majestueuse étendue, un simple fil de la toile de la vie. Comprendre cela nous aide à respecter la vie et à y accorder toute sa valeur.

BONHEUR
Une fois le trépied assemblé, une quatrième perche vient compléter la porte. Cette perche nous enseigne le bonheur. Nous devons faire preuve d’enthousiasme pour encourager les autres. Nos bonnes actions plairont à nos ancêtres dans l’autre monde. C’est ainsi que nous partageons le bonheur.

AMOUR
Pour vivre en harmonie, nous devons nous accepter les uns les autres, tel que nous sommes, et accepter les personnes qui ne font pas partie de notre cercle. Aimer signifie que nous sommes bons et doux envers nous-mêmes et les autres.

FOI
Nous devons apprendre à croire les autres, à leur faire confiance et à croire en une force suprême, que nous adorons et qui nous donne la force de mériter notre place au sein de la race humaine. Pour maintenir notre spiritualité, il faut l'alimenter tous les jours et pas seulement de temps à autre. Ce n’est pas quelque chose qu’on fait une fois par semaine; c’est notre vie.

APPARTENANCE
Notre famille nous importe. Elle inclut nos parents, nos frères et nos sœurs qui nous aiment et nous procurent les racines nous liant à la Terre, source de vie. Elle inclut aussi les membres de notre famille élargie, c’est-à-dire nos grands-parents, nos tantes, nos oncles et nos cousins, ainsi que leurs belles-familles et enfants. Ces gens sont aussi nos frères et sœurs, et contribuent à notre sentiment d’appartenance à la communauté.

HYGIÈNE
De nos jours, quand nous parlons d'hygiène, la plupart des gens pensent à l'hygiène du corps, qui est très importante. Il y a des années, cependant, quand les personnes âgées parlaient d'hygiène, elles faisaient référence à l'esprit. Lorsque je m’assoyais avec les vieilles Kookums dans le tipi, elles étaient très puissantes sur le plan spirituel. Les pensées pures proviennent d’un esprit pur, fruit de la spiritualité. La pureté de l’esprit et la sérénité nous enseignent à ne pas maltraiter les autres. Les bonnes habitudes de santé sont également le reflet d’un esprit pur.

RECONNAISSANCE
Nous apprenons à rendre grâce, à toujours être reconnaissants envers le Créateur de sa générosité, que nous avons le privilège de partager avec les autres. Nous sommes reconnaissants pour tout ce que les autres font pour nous.

PARTAGE
Nous apprenons à faire partie d’une famille et d’une communauté en contribuant à leur approvisionnement en nourriture et autres produits essentiels. Le partage des responsabilités nous enseigne l’importance de collaborer et d’apprécier les fruits de notre labeur.

FORCE Nous ne parlons pas de force physique mais de force spirituelle. Durant l’enfance, le jeûne nous a appris la force spirituelle. Nous devons apprendre à être patients et à ne pas se plaindre quand les temps sont durs. Nous devons endurer et faire preuve de compréhension. Nous devons accepter nos propres difficultés et tragédies afin de donner aux autres la force d’accepter les leurs.

SAINE ÉDUCATION DES ENFANTS
Les enfants sont des dons du Créateur. Nous sommes responsables de leur bien-être spirituel, émotionnel, physique et intellectuel, puisqu’ils ont reçu le don de représenter le cercle continu de la vie, que nous jugeons être la volonté du Créateur.

ESPOIR
Nous devons envisager d’aller vers l’avant. Nous devons sentir que les graines que nous plantons porteront fruit à nos enfants, nos familles et nos communautés.

PROTECTION ULTIME
C’est la dernière de nos responsabilités pour assurer l’équilibre et le bien-être corporel, mental, émotionnel et spirituel de la personne, de la famille, de la communauté et de la nation.

RABATS DE CONTRÔLE
Les rabats de contrôle du tipi nous apprennent que nous sommes tous liés par nos relations et dépendons les uns des autres. Le fait de respecter et de comprendre cette connexion assure l’harmonie et l’équilibre dans le cercle de la vie. Lorsque nous n’utilisons pas correctement les rabats, le tipi se remplit de fumée qui nous empêche de voir. C’est comme la vie : si nous ne vivons pas en harmonie, nous ne voyons pas où nous allons.

Cri - Les perches.

EST

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L'esprit de la femme vient de l'est, où se lève le soleil, où naît notre chaleur et notre vision. Son esprit fait entrer la chaleur dans nos maisons.

La sauge est l’une de nos quatre plantes médicinales sacrées. Elle réside également à l’est, parce qu’elle appartient aux femmes et vient de la plante du bison qui leur a été donnée. On l’appelle la sauge du bison des Prairies. Il existe de nombreux
enseignements sacrés sur les plantes et les plantes médicinales, et leur décision d’être là où elles sont. Mais ces enseignements sont pour une autre fois.

Ici, à l’est, la vie débute au moment de la conception de l’esprit offert à la nouvelle mère. Puisque nous considérons que les êtres sont des personnes dès leur conception, les femmes âgées nous montraient comment maintenir notre équilibre durant ce voyage de neuf mois, comment prendre soin de soi afin de ne pas le perturber. Ma mère s'assoyait avec les jeunes femmes – et les jeunes hommes – pour leur apprendre comment entrer en union avec le nouvel esprit avant la naissance parce que l’enfant à naître entend les voix de ses parents, partage leurs émotions et ressent leur état spirituel. Ma mère disait : « Ton enfant entend tout ce que tu dis, ressent toutes tes émotions. »

Elle parlait aussi du conditionnement de la vie humaine durant la première année de vie. Elle utilisait le mot eshkawasis qui signifie « nouvel enfant » et insistait sur l’importance d’assurer sa sécurité, particulièrement durant la première année de vie. Par exemple, il faut toujours porter son bébé à deux mains, dans le plus grand des respects; on ne porte jamais un don si spécial sous le bras.
Les nouveau-nés sont très puissants, les meilleurs de tous les professeurs. Ils savent quand les choses ne tournent pas rond, vous en informent et vous protègent sur le plan spirituel. Nous appelons cela des cauchemars, mais nous nous trompons. Et à mesure qu’ils grandissent, ils continuent de nous apprendre des choses. Par exemple, ils rampent, se lèvent, tombent, se relèvent et apprennent à marcher. Ma mère disait : « Cet enfant t'apprend la vie. Il t'apprend que nous ne faisons pas que nous lever et marcher en ligne droite pour toujours; nous tombons et nous devons nous relever. Peut-être faudra-t-il ramper un peu, mais nous nous relèverons et marcherons de nouveau. »

Elle disait : « Regarde cet enfant, comme il se débat. Il nous apprend que nous ne devons pas abandonner tout simplement parce que nous sommes tombés. Même des années plus tard, les enfants tombent en jouant. Ça aussi, c’est un rappel : nous devons toujours nous relever et essayer de nouveau. »

Ma mère nous a aussi appris à remercier notre mère, la Terre, d’avoir accepté que notre enfant foule son sol. Lorsque ce moment arrive, nous faisons un festin et les aînés viennent prier pour les prochaines étapes du cheminement de l’enfant.

Cri - L'esprit de la femme vient de l'est, où se lève le soleil, où naît notre chaleur et notre vision.

Cri - Les cris apprennent à remercier notre mère, la Terre, d’avoir accepté que notre enfant foule son sol.

SUD

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Ici, au sud, toute la vie bourdonne. C’est l’été. Le sud représente notre dimension physique. À cette étape de notre cheminement, nous devenons de jeunes gens. Les jeunes sont des êtres très physiques, très dynamiques, toujours en mouvement, en évolution. Même leur humeur change. Nous avons une bonne énergie à cette étape de notre cheminement.

De nos jours, beaucoup de personnes ont peur des jeunes. Elles ne les comprennent pas toujours et n'ont pas confiance en eux. Il y a une raison à cela : nous les excluons du cercle de la vie. Nous devons respecter les jeunes et les accepter dans notre monde. La langue crie n’a pas d’équivalent pour le mot adolescent. Ce sont de jeunes adultes. Nous devons encourager les jeunes. Il n'est pas nécessaire de leur dire « tu es mauvais » parce que ce ne sont pas de mauvaises personnes. Ils prennent parfois de mauvaises décisions, c’est tout.

Parfois, cependant, les personnes âgées doivent leur rappeler certaines choses. Il n’y a pas de mal à cela. J’entends des personnes âgées dire : « Je ne peux pas dire ça à mes petits-enfants parce qu'ils ne me croient pas. Ils ne m'écoutent pas, ils pensent que j'ai tort. » Dites-le quand même. Comme disait ma mère, « tu n’entends pas toujours sur le coup, mais un jour, quand tu en auras besoin, tu l’entendras ». C'est pourquoi il est bon d'amener les jeunes chez les personnes âgées, de les y asseoir pour qu'ils écoutent. Ils pourraient refuser d'entendre ce jour-là, mais leur esprit ne refuse rien; leur esprit captera l'information.

Nous devrions amener les jeunes voir différentes personnes. Ma mère disait : « Si tu rencontres uniquement un aîné dans ta vie, tu connaîtras uniquement ce que connaît cet aîné. » Déployez plutôt vos ailes pour apprendre. Allez écouter les gens. Vous ne serez peut-être pas d’accord avec eux, mais écoutez ce qu’ils enseignent. Prêtez l’oreille aux enseignements d’autres nations et rappelez-vous des vôtres. Mais ne contredisez pas ces personnes, ne les corrigez pas. Partagez vos connaissances uniquement si elles vous le demandent. Les jeunes manquent parfois de respect envers les aînés en les corrigeant lorsqu’ils leur transmettent leurs histoires et enseignements. Ces aînés peuvent uniquement partager avec nous ce qu'ils ont entendu, ce dont ils se souviennent. Vous avez peut-être une version différente de la situation et il n’y a rien de mal à cela. Vous avez tout à gagner d’écouter, parce que vous connaîtrez maintenant différentes versions de l’histoire.

Cri - La langue crie n’a pas d’équivalent pour le mot adolescent. Ce sont de jeunes adultes.

OUEST

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Ici, à l’ouest, réside la vie adulte, l’âge des responsabilités. Nous avons maintenant la responsabilité d’autres personnes. Nous devenons parents et créons un lien puissant avec l’enfant dans le quadrant est.

La plupart du temps, nous sommes si épris de nos enfants que nous aimerions qu’ils aient la vie plus facile que nous à l’âge adulte.
Et ces enfants nous montrent des choses. Ils nous rappellent de ne jamais abandonner, même lorsque nous tombons. Le chemin de l'adulte est truffé d'embûches parce que l’adulte a beaucoup de responsabilités. Nous sommes responsables des enfants que nous avons mis au monde. Lorsque nous devenons parents, nous devenons parents à vie.

En pensant à nos responsabilités à l’âge adulte, nous avons tendance à demander conseil aux personnes âgées.

C'est souvent à ce moment que les histoires et émotions de l'enfance remontent. Et c’est pourquoi le don des émotions réside aussi à l’ouest, avec l’adulte. À l’âge adulte, nous pouvons réfléchir par nous-mêmes et nous exprimer davantage; nous sommes plus forts. Nous arrivons davantage à le faire si nous avons grandi d’une bonne manière. C’est habituellement quand nous sentons le besoin de recouvrer la santé que nous nous mettons à parler des situations qui ont compromis notre cheminement, qui nous ont empêchés d'être une bonne personne menant une bonne vie.

Le temps vient alors de se libérer de sa colère et d’exprimer ses émotions, parce que les émotions se transforment souvent en colère, et c’est là que tout se complique. La colère peut nous nuire terriblement. Il est plus souhaitable de libérer ses émotions en pleurant.

À l’âge adulte, nous pouvons enfin comprendre nos émotions et ne plus être effrayés ou gênés – lorsque nous avons le courage de raconter notre histoire. Si nous devons nous libérer d’une situation, nous le faisons habituellement à ce moment-là – à l’étape de la vie adulte. Parce que parfois nous repoussons notre deuil, nos pertes familiales ou de vie, jusqu'à ce moment, lorsque nous comprenons que nous devons lâcher prise si nous voulons vire sainement.

Il faut souvent attendre d’avoir de grandes responsabilités, à l’âge adulte, avant de traverser cela.

Cri - À l’ouest, réside la vie adulte, l’âge des responsabilités.

Cri - À l’ouest, nous devenons parents et créons un lien puissant avec l’enfant dans le quadrant est.

NORD

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Nous avons débuté à l’est, nous sommes passés au sud puis nous nous sommes dirigés vers la dimension émotive, à l’ouest. Cela ressemble à n’importe laquelle de nos cérémonies. Elles débutent à l’est puis se terminent dans la direction nord, tout comme notre cheminement de vie. Lorsque nous sommes âgés, nous terminons notre cheminement dans la direction nord, la dimension mentale de la vie.

Je pense que la dimension mentale se situe au nord parce que nous sommes maintenant capables de nous arrêter pour réfléchir, examiner notre cheminement et anticiper ceux de notre peuple. Nous avons la capacité d’être intacts sur le plan mental, de comprendre beaucoup des besoins de nos communautés, de notre peuple. Nous avons le temps de penser; nous ne sommes plus aussi pressés, plus aussi actifs sur le plan physique. Nous avons traversé l’étape émotionnelle de notre vie. À présent, nous représentons plus ou moins la partie rationnelle de la communauté, de la famille. Nous prenons les décisions pour les familles. Nous sommes les soi-disant têtes de la communauté. Si nous avons pris soin de nous-mêmes, nous arrivons à cette étape de notre cheminement.

À ce moment, nous sommes également en relation avec les jeunes, qui nous regardent du sud.

Et nous demeurons là un certain temps. Plus tard, nous reprenons le chemin de la petite enfance. On voit souvent des personnes âgées se mettre à oublier, à agir comme des enfants. Elles ont besoin d’aide pour marcher, pour manger. Nous accédons une dernière fois au monde spirituel de la petite enfance. La société autochtone acceptait cela. Lorsque les personnes âgées atteignent cette étape de leur cheminement, vont au-delà de leurs capacités mentales pour regagner le monde spirituel de la petite enfance, elles se mettent à beaucoup parler de leur enfance. Elles s’en souviennent comme si c’était hier, se rappellent clairement de leurs premières expériences, mais très peu de leur adolescence ou vie adulte. Elles se souviennent de cette étape de la vie parce qu’elles y retournernent. Ma grand-mère me parlait du temps où elle jouait et grimpait dans les arbres. Elle avait 92 ans et me racontait des histoires de son enfance, parce qu’elle y était une dernière fois.

Cri - Les ceremonies cries débutent à l’est puis se terminent dans la direction nord, tout comme le cheminement de vie.
Cri - La grand-mère de Mary Lee avait 92 ans et elle lui racontait des histoires de son enfance, parce qu’elle y était une dernière fois.

LE TAMBOUR

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Les quatre points cardinaux du cercle d’influences comportent un enseignement sur la responsabilité et la relation entre les quatre étapes de la vie. Cet enseignement provient de l’enseignement du tambour – du cercle qu’il constitue. Au moment d’attacher le tambour, le croisement des directions montre comment le parent peut élever le nourrisson parce que le cordon va de l’enfant à l’adulte. Il se dirige ensuite vers l’aîné, puis vers l’adolescent.

C'est pourquoi, au moment de la création des êtres humains, il a été donné aux adultes d’élever les nourrissons. Et parce que dans le cercle, le lien se fait du nord au Sud, des aînés aux jeunes, les aînés peuvent souvent parler plus facilement aux jeunes que les adultes qui les élèvent. C’est si important de nos jours. Souvent, quand l’enfant traversait la porte du sud, on demandait aux grands-parents de lui transmettre leurs enseignements. Parfois les grands-parents accueillaient un enfant pendant une ou deux années, sinon plus.

La société dominante n’a jamais compris pourquoi les enfants étaient parfois envoyés chez leurs grands-parents. Ce n'était pas parce que les parents n'étaient pas capables d'assumer leur rôle, mais parce qu’ils comprenaient le cycle d’enseignement des quatre points cardinaux. Nos vies ressemblent au cercle d’influences. Tous nos mouvements, nos vies, nos cheminements s’y retrouvent. C’est ainsi que s’effectuaient les enseignements, il y a longtemps.

Cri - Les quatre points cardinaux du cercle d’influences comportent un enseignement sur la responsabilité et la relation entre les quatre étapes de la vie.