ENSEIGNEMENT MOHAWK (HAUDENOSAUNEE)
TOM PORTER
INTRODUCTION
Le peuple iroquois ou haudenosaunee est une confédération des nations Mohawk, Oneida, Onondoga, Cayuga, Sénéca et Tuscarora. Nous sommes le peuple de la maison longue, le cœur de notre vie et de nos pratiques spirituelles. Nos langues sont toutes apparentées, bien que les Iroquois de l’est et de l’ouest aient des dialectes quelque peu différents. Par exemple, les Mohawks disent lodeenosaunee alors que les Sénécas disent haudenosaunee.
Notre peuple est matrilinéaire, ce qui signifie que notre clan vient de la mère. Dans les cultures haudenosaunees, vous naissez membre d’un clan; vous ne pouvez pas accéder à un clan particulier en payant ou en y rêvant; nous appartenons au clan auquel appartenait notre mère. Selon nos traditions, l’homme qui se marie doit aménager dans le village de sa femme. Tout va également à la femme, y compris les enfants. Et on ne peut pas marier une femme de son propre clan. Donc un membre du clan du Loup ne peut pas marier une femme du clan du Loup, ou un homme du clan de la Tortue une femme du clan de la Tortue. Ces gens sont considérés comme des frères et sœurs.
Il y a quelque temps, certains d’entre nous sont retournernés vivre au cœur du territoire mohawk original, sur nos anciennes terres de la vallée Mohawk, près d’Albany, New York. Nous étions partis depuis longtemps. Vous voyez, quand les Européens sont arrivés, il y a eu des conflits. Les Mohawks les ont combattus pendant un peu plus d’un siècle, pour conserver leurs terres. Mais les épidémies de variole et de rougeole ont tué tellement de Mohawks, et les Européens ont utilisé tant de tricherie et de moyens belliqueux que les Mohawks se sont fatigués et ont monté au nord. En partant, toutefois, nos ancêtres ont dit qu’un jour, leurs arrière-petits-enfants reviendraient. Nous sommes donc revenus dans notre mère patrie en premier lieu parce que nos ancêtres l’avaient prédit.
Nous sommes aussi revenus pour donner un souffle nouveau à nos traditions.
Notre but est de jeter les bases d’un nouvel état d’esprit spirituel. Si nous voulons parler de compréhension traditionnelle du monde, nous ne pouvons pas envisager les choses de la même façon que les Européens. Nous ne
pouvons pas les entendre de la même façon que les Européens. Notre cerveau doit être entraîné à interpréter les forces de la vie du monde dans lequel nous évoluons d’une manière bien différente des Européens.
LA CRÉATION DU MONDE
Notre récit de la Création parle d’une femme venue d’un autre monde. Un jour, ce monde s’approcha de notre planète et cette femme vint. Elle est l’arrière, arrière-grand-mère des êtres humains, et portait différents noms. Ajinjagaayonh, qui signifie une fleur adulte, était l’un de ces noms. Parfois, nous l’appelons aussi la Femme du Ciel.
Lorsque la Femme du Ciel vint sur notre planète, il n’y avait que de l’eau. Les oiseaux l’aidèrent à se rendre et une tortue lui offrit son dos, pour s’y installer. La Femme du Ciel avait apporté différentes choses : des fraises, des framboises et des pêches. Pendant qu’elle était assise sur la tortue, les animaux plongèrent au fond de l’eau pour remonter la terre qui s’y trouvait. Ils rapportèrent la terre à la surface, en recouvrirent la tortue puis moururent tous, sauf un. La Femme du Ciel fit le tour de la tortue dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, ce qui produisit le miracle de la naissance. Les graines se transformèrent en êtres humains et les pousses de maïs en gros épis. Pendant qu’elle faisait le tour de la tortue, la Femme du Ciel chantait des chants provenant de l’autre monde. Certaines personnes y voient les origines de notre danse de la plume; elles pensent que c’est ce qu’elle faisait. Plus elle dansait et plus se poursuivait le miracle de la naissance. La tortue devint la Terre, notre continent, le sol s’étendit et la végétation se mit à pousser. Si nous tournons en rond, de la sorte, lors de nos cérémonies de la maison longue, c’est pour que le maïs, les haricots et les arbres continuent de pousser, parce qu’elle les fit pousser, en ajoutant que c’était la façon de faire dans son monde. Depuis ce jour, nous formons des cercles sacrés dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, comme le faisait notre grand-mère.
Dans les territoires ojibwés ou lakotas, les gens suivent le sens des aiguilles d’une montre. Mes aînés m’ont appris à respecter leurs traditions. Quand le Créateur a parlé aux Ojibwés et aux Lakotas, il leur a dit comment
faire; ce n’est pas à moi de mettre cela en doute. Lorsque je leur rends visite, par conséquent, je vais dans le même sens qu’eux, respectueusement et sans poser de questions. Ils dansent dans le sens des aiguilles d’une
montre; s’ils me demandent de danser, je les imite. Et quand un vrai Ojibwé or Lakota vient chez-nous, il fait pareil. Il danse à notre façon, sans hésitation. Nos aînés nous ont appris à procéder de cette façon, dans le
respect de l’autre.
LA CRÉATION – LES JUMEAUX
Notre mère, la Terre, est donc la fille de la Femme du Ciel. Elle mourut en donnant naissance à deux fils jumeaux. Au moment de sa mort, ils couvrirent son corps d’un monticule de terre. À l’époque, les gens recouvraient les corps; ils ne les enterraient pas au fond d’une tombe. Aux quatre coins du Midwest américain, on trouve des monticules de près d’un demi-kilomètre de haut par 1,5 kilomètre de long. Ils ont été créés, il y a longtemps et ont tous un lien avec ces récits.
La fille de la Femme du Ciel donna naissance à deux jumeaux, la nuit et le jour, c’est-à-dire le soleil. La Femme du Ciel préférait la nuit à son frère, le jour, qu’elle n’aimait pas beaucoup. Mais ça, c’est une autre histoire. C’est pourquoi nous appelons la Femme du Ciel Grand-Mère Lune. C’est elle que vous voyez lorsque vous regardez la lune. Grand-mère Lune est toujours accompagnée de la nuit. De temps à autre, vous l’apercevez dans le ciel du jour, lorsqu’elle va rendre visite à son autre fils, qu’elle n’aime pas.
C’est pourquoi nous les appelons vieux Frère Soleil, notre mère, la Terre et Grand-mère Lune. Vous voyez, la Femme du Ciel, qui devint Grand-mère Lune, a mis au monde notre mère, la Terre, qui eut à son tour des jumeaux,
le jour et la nuit, c’est-à-dire le soleil, notre vieux frère.
LA CRÉATION – LES ÊTRES HUMAINS
Les jumeaux, le jour et la nuit, nous ont créés. Vous voyez, le soleil ressemble au Créateur en quelque sorte : il donne la vie. La lumière du soleil constitue les mains et les bras du Créateur. Son frère, la nuit, assure l’équilibre.
Lorsque les jumeaux créèrent les êtres humains et les animaux, ils les placèrent dans le feu et les cuirent. Puis, lorsque les êtres humains étaient cuits, les jumeaux ouvrirent leur bouche et soufflèrent trois fois. Leurs yeux se mirent à clignoter et leurs bras à bouger. Ils étaient en vie. C’est pour cela que nos esprits ont trois dimensions.
Donc, lorsque nous venons au monde, chacun de nous possède trois esprits, c’est-à-dire trois âmes. C’est comme le foin d’odeur : lorsque vous en prenez trois tiges et les tressez, vous n’en fait qu’une. Par conséquent, lorsque nous venons au monde, notre personne est composée de trois différentes sources d’énergie. Et lorsque nous mourons, ces trois sources se délient et chacune repart vers son propre monde.
L’un de ces esprits repart vers les sphères célestes, d’où est venue la vieille grand-mère. Vu qu’elle s’est servie des jumeaux pour faire les humains, une de nos parties vient de cet endroit dans les cieux, et y retournerne.
Une autre de nos parties provient de l’énergie de la planète sous nos pieds, de notre mère, la Terre; de l’endroit où sont nés les jumeaux, la nuit et le jour. C’est comme si nous prenions quelques bouts de charbon d’un feu pour allumer un second feu. L’énergie vient du premier feu, et y retournerne une fois le second éteint.
Notre âme matérielle est la troisième de nos parties. Elle vient de la poussière, du corps de notre mère, la Terre, et y retournerne.
À l’heure de notre mort, par conséquent, trois parties de notre esprit nous quittent : deux d’entre elles regagnent la terre, l’autre le ciel. Et puisque nous vivons ici, et que nous y passons la plupart de notre vie, deux d’entre elles retournernent à la Terre, et l’autre au ciel.
C’est pourquoi les Haudenausaunees prennent toujours trois grandes respirations et crient trois fois lorsqu’ils prient au lever du soleil ou brûlent du tabac : pour montrer au Créateur et à notre mère, la Terre, que nous
n’avons pas oublié nos origines ou notre raison d’être. Nous voulons leur montrer que rien ne nous a jamais fait perdre notre voie ou oublié notre vérité originelle. C’est pourquoi ont entend les Sénécas, les Mohawks ou
les Cayugas crier très fort trois fois lorsqu’ils brûlent du tabac; ils proclament leur humilité et remercient le Créateur et notre mère, la Terre, de leur avoir donné la vie, le privilège de fouler la terre. Ils
reconnaissent les trois parties qui les habitent puis ils prient.
LA PROPHÉTIE DES QUATRE CRÉATURES DU CIEL
Les quatre points cardinaux abritent quatre vents responsables des changements de saison : les vents de l’est, du nord, du sud et de l’ouest. Il y a aussi quatre êtres sacrés, appelés les « créatures du Ciel, » que le Créateur envoya au début de la création lui servir d’assistants et de messagers. Les quatre vents, les quatre messagers, les quatre points cardinaux et les quatre saisons que nous connaissons dans cette partie du monde sont tous interdépendants et ont tous un lien avec le chiffre quatre.
Parfois, nous appelons les quatre êtres du Ciel les quatre frères, ou tout simplement le nord, l’est, le sud et l’ouest. Certaines personnes disent qu’il s’agit de deux paires de jumeaux, qui ont chacun des responsabilités différentes. Par exemple, notre mère, la Terre, se fatigue de donner la vie des millions de fois par jour et de nourrir tous ses enfants, les épis de maïs, les herbes, toutes les plantes et les créatures. C’est pourquoi ses fils, les vents de l’est et du nord, la recouvrent d’un manteau de neige en hiver pour qu’elle se repose. Puis, lorsqu’elle a suffisamment dormi, ses deux autres fils, le sud et l’ouest, viennent remplacer son manteau par un tapis d’herbe verte, et elle renaît. C’est le travail des quatre frères.
Mais les quatre frères sont aussi les messagers du Créateur, qui est trop puissant pour se montrer directement à nous. S’il apparaissait dans sa forme réelle, nous prendrions feu, nous nous désintégrerions en un quart de seconde. Nous ne sommes pas assez forts pour être en sa présence directe. Il a donc trois messagers. C’est pourquoi ont pouvait entendre jadis des Indiens dire après leur jeûne : « L’arbre m’a parlé. » C’est en fait le Créateur qui parlait, mais il s’est caché dans un arbre pour ne pas les tuer. Il peut tout aussi bien passer par les oiseaux ou la foudre. Peut-être lorsque nous aurons terminé ici, pourrons-nous voir le Créateur directement. Mais la force que nous possédons sur terre ne nous le permet pas.
Parfois, nous comparons les quatre êtres du Ciel à des êtres humains. Il n’y a pas de mal à cela. Mais ils n’ont pas de visage ou de corps. Ce sont des êtres puissants qui habitent les sphères célestes entre la terre et
l’atmosphère. Ils sont chargés de livrer les messages du Créateur et de nous protéger des dangers de l’univers. Ils peuvent emprunter la forme humaine lorsqu’ils ont des messages à livrer et naître d’une mère, comme un
bébé. Et lorsqu’ils grandissent ou se transforment en adultes, ils nous livrent le message que leur a donné le Créateur. Puis, ils meurent et retournernent vaquer à leurs occupations.
Ces êtres ne se manifestent qu’à certains moments de l’histoire. Le Pacificateur était l’un de ces messagers. À une autre époque, un bébé est né pour nous offrir nos cérémonies de la maison longue. Un autre messager a
emprunté le corps d’un homme adulte pour nous donner nos clans et structures de clan.
LA PROPHÉTIE DU PACIFICATEUR
Quand les gens oublient leurs enseignements, le Créateur demande aux êtres du Ciel de nous rappeler ce que nous avons oublié. Ils sont venus à différents moments de l’histoire, lorsque notre discipline était chancelante ou que nous oubliions nos enseignements spirituels. De temps à autre, l’un d’entre eux naît pour nous livrer un message du Créateur sur ce que nous devrions faire. C’est comme cela que nous avons obtenu notre Grande Loi. Le Pacificateur nous l’a donnée.
Quand le Pacificateur est venu, il a utilisé l’Arbre de la paix. Il a expliqué qu’il y aurait quatre racines blanches à la base de l’arbre pour représenter l’est, le nord, le sud et l’ouest. Sa venue a entraîné la paix entre les nations iroquoises. Cette paix dure depuis des siècles, depuis la naissance du Pacificateur.
Les vrais Iroquois ne prononcent jamais le nom du Pacificateur, à moins d’élever un chef ou de procéder à la lecture officielle de la Loi. Dans un tel cas, ils doivent aussi prier ou brûler du tabac. En général, cependant, nous n’employons jamais ce nom, sauf auprès d’enfants. Je peux utiliser ce nom auprès de mon jeune fils ou de ma jeune fille. Mais je leur dis en même temps : « je ne vous le dirai plus. A partir d’aujourd’hui, vous n’emploierez plus ce nom. »
Une prophétie nous empêche de prononcer ce nom. Selon cette prophétie, le fait d’entendre les gens l’employer signifie que la fin de la civilisation approche, que le monde actuel cessera plus ou moins d’exister et qu’un monde différent débutera; il y aura une sorte de purification. Les chefs et les gens n’arriveront plus à s’entendre, et les relations s’envenimeront profondément; un niveau de division tel que nous en n’avons jamais connu s’installera et un énorme manque de respect règnera entre les êtres humains. À ce moment, ils seront trois seulement à croire encore en ce que le Créateur nous a donné. Personne ne sait ce que ce « trois » signifie. Est-ce trois nations, trois clans ou trois personnes? Quoi qu’il en soit, ils seront trois. Et ces trois entités entreront dans la forêt vierge, lorsqu’ils la trouveront, s’ils la trouvent, la forêt où se trouvent les grands arbres – une vraie forêt. Ils y allumeront un feu sacré puis ils diront trois fois le nom du Pacificateur, en criant. Le Pacificateur reviendra alors nous aider à retrouver notre voie. C’est pour cela que nous ne pouvons pas prononcer son nom n’importe quand. Nous pourrons uniquement le crier durant cette cérémonie, lorsque nous serons réellement désespérés. Et il reviendra. Si, au contraire, nous prononçons son nom au quotidien, il ne comprendra pas que nous avons besoin de lui lorsque nous l’appellerons réellement; il pensera que nous utilisons tout simplement son nom et il ne reviendra pas.
Selon la propĥétie de la Grande Loi, l’emploi du nom du Pacificateur lors de conversations est signe que nous nous dirigeons vers cet autre monde. Nous avons tenté d’expliquer cela à des jeunes, mais ils n’ont rien voulu
entendre. Mais nous avons été prévenus que cela arriverait.
LES CHIFFRES
Tous les chiffres ont un sens. On peut même dire que tous les chiffres ont une histoire à raconter. Par exemple, quand un Haudenausaunee compte de un à dix, il raconte une version très courte de notre récit de la création.
Quand nous disons notre mot pour « un », nous faisons référence à la Femme du ciel, qui était là la première.
Ensuite, notre mot pour le chiffre « deux » fait référence à la fille de la Femme du ciel, qui a donné naissance à des jumeaux. Chez nous, le mot « deux » provient donc du mot « jumeau.»
Quand nous disons « trois », en langue Mohawk, nous pensons au moment où la Femme du ciel a été posée au milieu du dos de la Grande Tortue. Notre mot pour le chiffre trois évoque donc l’idée d’être « au milieu ».
Dans notre langue, le chiffre quatre évoque le moment où la vie a été donnée, où les gens des quatre races ont commence à respirer, à cligner des yeux et à se déplacer. Le mot signifie “ Cela est bon, cela est juste”. Quand on dit le chiffre quatre, on évoque ainsi l’arrivée de la vie sur le dos de la Tortue.
Il en va ainsi pour tous les chiffres, jusqu’à dix. Ce dernier nous apprend ou nous rappelle l’histoire du Frère qui est devenu la Nuit, l’arrivée sur Terre de la Femme du ciel, le caractère sacré du corps, l’équilibre et enfin, l’endroit d’où nous sommes venus, le Monde du Ciel.
Arrivé au chiffre 10, le cycle est complété.
Ainsi, quand nous, les Mohawks, comptons de un à dix, nous redisons automatiquement notre récit de la création. Ce que nous comptons, que ce soit de l’argent, des fêves ou quoi que ce soit d’autre, n’a aucune importance.
C’est au cœur même de notre langue. Et le Créateur a probablement voulu qu’il en soit ainsi parce qu’Il savait ce qui allait nous arriver – que nous allions nous perdre, que nous serions colonisés. C’est pourquoi il a
caché notre identité en plusieurs endroits. Afin que nous ne puissions pas être colonisés vraiment, ni entièrement. Voyez : il ne devrait plus y avoir de Mohawks, de nos jours, ni de Lakotas, ni d’Ojibwés. Nous devrions
avoir oublié qui nous étions. Mais nous avons refusé de mourir, de perdre ce que nous sommes. Et c’est grâce à ces choses que le Créateur a placé au cœur de notre culture, des choses qui nous aident à retrouver notre
chemin. Quand on nous a attaqués, l’histoire des chiffres n’était pas évidente à comprendre. Et pourtant, c’est là qu’on retrouve nos récits de la création : dans nos chiffres, tout simplement. Dans notre langue.
LA PRIÈRE DU MATIN
L’une des premières tâches serait d’enseigner aux enfants à prier.
Un jour, grand-mère est venue s’asseoir au pied de mon lit et m’a réveillé. Elle m’a dit : « Sais-tu que Seguoia-adisson, notre Créateur, vient du Soleil, que nous appelons notre Vieux Frère? Il a la responsabilité de nous protéger, et c’est pour nous voir tous les jours qu’il est si haut dans le ciel. Il nous protège et nous envoie sa lumière. Et la lumière du soleil fait croître les arbres, le maïs, les cantaloups et les baies. D’ailleurs, elle nous fait également grandir. Et si le soleil s’éteint, toute la vie cessera. »
« Savais-tu que lorsque le soleil brille, a-t-elle poursuivi, lorsque tu en aperçois les voies, les rayons partant du soleil, il s’agit des doigts et des bras de notre Créateur? »
« Donc, a-t-elle continué, quand tu dors dans ton lit, le matin, quand le soleil n’a pas encore montré le bout de son nez, sa lumière brille déjà. Le soleil entre par la fenêtre. Et lorsqu’il te trouve, ce sont les mains, le corps et les bras du Créateur qui te trouvent. Et quand tu es étendu dans ton lit, il prend ta tête dans ses bras et ses doigts; puis, il tient ton corps, tes jambes et tes bras. Il caresse tout ton corps et l’enveloppe de ses bras. Pourquoi? Parce qu’il est ton père et qu’il t’aime. »
« Maintenant que tu sais cela, que penses-tu faire? » m’a-t-elle demandé.
Je n’étais qu’un enfant, alors j’ai répondu : « Je ne sais pas. » Et elle m’a dit : « Alors, je vais te dire. Chaque matin, dès que tu ouvriras les yeux, avant même de mettre le pied hors du lit pour te lever, tu diras "nya weh – merci, vous qui m’avez fait – je vous remercie, je vous salue, je vous donne mon amour" parce que le Créateur t’a donné son amour. C’est tout ce que tu dois dire pour rendre le Créateur heureux. »
Donc, je dis cela depuis plus de 60 ans, depuis qu’elle me l’a demandé.
Les vrais Iroquois devraient faire de 50 à 60 prières par jour. Cela était tout naturel. Ce n’était pas une corvée. Cela faisait partie de vous.